mardi 6 août 2013

J'ai peur de rater le train

J'ai peur de rater le train, c'est pathologique. Si je n'ai pas une demi-heure d'avance, je suis mort de peur à l'idée de voir le train partir sans moi. Et pour l'avion, c'est pire, au point que je pensais ne plus jamais utiliser ce moyen de transport : il fallait être tellement en avance pour être sûr de ne pas le louper que ça en devenait impossible. D'ailleurs, régulièrement, je fais des cauchemars où je dois prendre un train (ou un avion).

Je distingue deux types de cauchemars. Tantôt je ne prépare pas assez mes affaires, et je finis par tout mettre en tas et en vitesse dans une valise énorme (et je loupe le train),
tantôt il y a tellement de choses supplémentaires et imprévues à faire avant, que je loupe le train de toute façon : il faut passer prendre quelqu'un, écrire une lettre urgente, ou faire précipitamment des courses que j'avais oubliées.

Dans ces rêves, tout se ligue contre moi pour que je rate le départ : le quai est caché au fond d'une gare tentaculaire aux recoins imprévus (c'est souvent la gare Saint-Lazare, étrangement), les horaires m'échappent, j'apprends que le train n'arrive pas à cette gare, mais à une autre, éloignée de la première d'au moins 4 ou 5 kilomètres, ou alors les trains doivent subir d'étranges réparations, dont la durée reste mystérieuse.

Si je prends une voiture, je ne sais plus où je l'ai garée. Je perds mes clés. Je perds également mes papiers et mon ticket de train. Mon téléphone n'a plus de batterie. Ou plus de réseau. La personne que je dois retrouver à la gare ne vient pas. Ou c'est une autre personne qui vient à la place.

Le trajet pour aller à la gare s'allonge indéfiniment comme dans ces romans de Kafka où le héros fait du sur place pendant 300 pages, tout en s'agitant pour avancer. Il me faut prendre, pour y arriver, le métro, puis le bus, parfois le RER, et même dans certains cas un taxi. Une fois j'ai dû même prendre un vélo.

Et je me réveille avant l'horreur finale : voir le train partir sans moi. Après, je passe la journée à ruminer cet échec lamentable, qui me taraude à chaque moment libre. Humeur dépressive garantie.

Après avoir cherché des années des explications psychanalytiques à cette peur, j'ai enfin compris : j'ai peur de rater le train parce que le nombre d'étapes à organiser pour ne pas le rater est trop important pour moi. Dans ces rêves, je mets tout simplement en scène mon propre déficit organisationnel, poussé à l'absurde.

En fait, c'est normal ! Pas la peine de m'en vouloir pour ça.

Depuis ça va mieux, mais je suis quand même très anxieux la veille d'un départ en train.

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