Tondre la pelouse, c'est bon pour la santé

Aujourd'hui c'est un gros chantier pour moi. Il faut tondre la pelouse. Un vrai défi.

Pour bien tondre, il faut bien voir. Et justement, ce n'est pas tout à fait mon cas. Et je suis particulièrement sensible aux lumières et autres reflets. Un exemple : vous, derrière la tondeuse, vous verriez certainement quelque chose comme ça (ci-contre)....

Moi, je vois ça.

 

Et plus exactement, dès que ça bouge, avec le soleil entre les branches, ça donne plus ou moins ça : 

 

Alors, savoir si l'herbe est vraiment plus courte...  faut attendre la fin d'après-midi ou se lever tôt le matin, ce qui n'est pas un problème en soi ; mais alors le soleil est bas et illumine ma rétine. Je vois le reflet de mes vaisseaux sanguins en transparence, et derrière, loin derrière, l'herbe.

A cela, je dois ajouter les multiples stimuli inconnus du bureaucrate que je suis devenu. Les mouches, qui bourdonnent, et qui viennent se poser sur ma peau hypersensible sans demander la permission, avec leurs pattes qui chatouillent et gratouillent. Quelquefois elles piquent, ce sont des mouches à vache. Les abeilles, les bourdons, et les guêpes, qui bourdonnent encore plus fort, en vol semi-stationnaire et devant mon nez.

Les branches basses, qui fouettent la figure au moment délicat où il faut négocier un virage. Les herbes coupées, qui rentrent dans les sabots et entre les orteils, ou parsèment la jambe de mouchetures vertes. Sans compter le bruit de la tondeuse, qui obture complètement ma perception auditive pendant tout le processus.

De plus, c'est complètement idiot, mais c'est plus difficile qu'il n'y paraît, il faut se rappeler des zones où on a déjà tondu. Ça, mine de rien, ça demande pas mal de concentration. Si le terrain est un quadrilatère, ça va, il faut juste gérer les angles. Mais si il y a des arrondis, alors là, c'est l'angoisse. Suis-je déjà passé par ici ? Ou par là ? Faut-il tondre en ligne droite ou en cercles concentriques ? Retenir les endroits où je suis passé est un défi à ma mémoire de travail.

Je dois enfin bien anticiper la vidange du panier, pour ne pas bloquer le moteur en bouchant l'espace dédié à la lame tournante.

Toutes les deux semaines, le défi recommence. Et j'y arrive, quoique avec peine. Mais à chaque nouvelle fois que je finis, je suis de plus en plus fier. J'y suis arrivé.