lundi 11 mars 2013

Ranger, c'est renoncer à une sécurité

Oui, j'ai un grand problème de (non-)rangement. D'abord dans mes espaces de vie et de travail, qui se retrouvent comme par miracle saturés de choses. Moi je m'y retrouve, mais de moins en moins, et là, avec un travail nomade et un déménagement, je perds pied. En plus, j'ai tendance également à bourrer tous mes "espaces de transport" : poches de veste, de jean, de chemise, mais aussi sac à dos, cartable, valise, etc. C'est affreux, plus je trie avant, plus ça se remplit (alors que justement ça devrait faire le contraire !).

Une poche vide me cause un vrai malaise : il me manque quelque chose, je dois la remplir avec quelque chose - surtout si je me dis qu'il faudrait que j'emporte tel ou tel truc "au cas où". Aah, "au cas où... La peur d'oublier (ce qui m'arrive en effet très souvent). La peur d'être pris au dépourvu. Pour un peu, avant de partir dîner avec des amis, j'emporterais un tournevis et une clé de 12, on ne sait jamais...

Remarque : Je note avec amusement en cherchant une illustration avec Google, l'expression "valise pleine à craquer" renvoie des images où la propriétaire de la valise est nettement identifiée comme féminine. C'est connu, <cliché> les femmes (ces têtes vides) bourrent leur valise de trucs inutiles, alors que les hommes, qui connaissent l'art du déplacement, jettent une brosse à dents et un slip dans un viril attaché-case en ricanant...</cliché> He ben non : je suis la preuve vivante du contraire...

J'ai donc décidé de prendre le problème à la racine. Mon hypothèse est que ce désordre est en fait un ordre différent : c'est une réponse adaptée à une perception un peu confuse du temps, et surtout du futur (voir article Le troll du désordre vient du futur). Mais l'inconvénient est que ça prend de la place et que c'est difficile de s'y retrouver, même si on a une mémoire d'éléphant. Sans compter l'impact sur les autres !

L'idée est donc de clarifier le futur et la place de l'objet dans le futur, avant de décider de le mettre en poche (ou dans le sac, ou dans la valise, ou en tas). Comme je dois faire une valise deux fois par semaine, je vais commencer avec ça.

A chaque objet, une pause, et je me pose la question : Est-ce que j'ai besoin de cet objet pendant les deux jours qui viennent ?. J'essaie d'aller à fond dans le raisonnement : Quand ? Comment ? Pour quelles raisons ? Et je m'entraîne déjà à envisager l'absence de l'objet : Que faire si je suis dans la situation où l'objet est utile, et que je ne l'ai pas ? Y a-t-il (y aura-t-il) des objets disponibles sur place qui pourraient remplir le même rôle ?

Au passage, ça ouvre des pistes pour "ranger" l'objet à l'endroit où je pourrais le trouver quand j'en aurai besoin. Si j'en ai besoin.

Dans le cas de l'objet "aide-mémoire", je vais tenter une formulation comme Comment puis-je me rappeler ce que cet objet doit me rappeler, sans cet objet ? A mon avis, un smartphone ou un carnet aide-mémoire tout bête doivent suffire à couvrir la plupart des cas de la vie courante.

Ça veut dire qu'il va me falloir renoncer à certains objets, à certaines préparations à des événements peu probables, à des sécurités qui me rassurent, bref, à ces mesures qui me protègent de ce futur opaque. Pas évident, quand on y réfléchit. L'inquiétude qui me saisit au moment où j'écris me démontre que la piste est bonne : ça veut dire qu'il y a un prix à payer, c'est le renoncement à une certaine sécurité, qui en fin de compte, est illusoire.

Enfin, il va falloir que je me persuade que c'est illusoire !

Allez, on y va.


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