Le troll du désordre vient du futur

Apparemment j'ai une capacité sans limite à créer du désordre domestique. Ma compagne est effarée par la rapidité avec laquelle, autour de moi, les tas surgissent et se maintiennent. Elle a même un avertissement de routine pour moi : "attention, tas en formation !"

J'ai l'impression que derrière moi, il y a un troll (ou un lutin), qui s'acharne à désordonner tout ce qui est dans les parages.Moi, naturellement, je n'y suis ab-so-lu-ment pour rien. Je me suis néanmoins
attaché à essayer de comprendre comment se déroule le processus. Un grand moment d'introspection déterminée...

J'ai l'impression que le déclencheur est intérieur : une pensée, même vague, insinuant que je vais perdre de vue (c'est-à-dire oublier) un objet dont je "pourrais" avoir besoin dans le futur. Comme le meilleur moyen d'y penser est de se le mettre sous le nez, je le pose "à portée de regard". C'est vrai que j'oublie des tas de trucs, c'est vrai que de l'avoir sous le nez est un moyen de ne pas le "perdre de vue", mais là où ça se gâte, c'est que tout ce qui traîne peut être "utile un jour".Résultat, une heure passée au même endroit en compagnie d'objets et voilà : un tas. Qu'est-ce que j'ai pu entendre sur le thème : "un bureau encombré est le signe d'un esprit encombré"!..

Il me vient tout d'un coup l'idée de déplacer le problème, des objets et du désordre, vers autre chose : si j'accumule ainsi des trucs "qui pourraient servir", c'est peut-être que je n'ai pas une vision très claire du futur. Eh ! Justement, quand j'essaie de m'en faire une image, c'est une espèce de magma brouillardeux et grisâtre, qui contient à la fois et dans le désordre : "demain", "l'an prochain", "un de ces jours", "ça peut bien arriver", et "dans cinq minutes". Sans compter "hier" et "une fois je me rappelle", c'est toujours utile pour prévoir quelque chose émergeant de ce smog opaque.

Bref, ces tas ne reflèteraient pas du désordre mental, mais une perception non structurée du futur.C'est très différent ! Et la stratégie à adopter pour minimiser la formation de tas devrait plus porter sur la perception de ce que je compte faire dans le futur avec la chose qui s'entasse... plutôt que sur la chose elle-même.

Ah ben je me sens mieux, d'un coup.