mardi 9 avril 2013

Comment le désordre pousse tout seul

Pendant quelques jours j'étais seul à la maison, ma douce étant absente pour raisons professionnelles. C'était l'occasion d'étudier la constitution "spontanée" du désordre autour de moi, en me laissant légèrement aller. En effet, après quelques heures, le bazar est installé, sans aucun effort de ma part (je n'ai pas pris de photo, mais bon, vous voyez ce que je veux dire). Puis au fur et à mesure il augmente progressivement.

Je me suis penché sur mes mouvements intérieurs pendant cette croissance du désordre, et je les ai soigneusement notés. J'ai repéré, cachées sous la tempête des images et des idées, trois pensées à l'origine de ce "rangement sauvage":

Première pensée : 
"Je ne dois pas oublier que ce truc va m'être utile dans pas très longtemps, alors je le laisse en vue", avec ses variantes "Ça peut toujours servir" ou : "Ça va certainement servir tout à l'heure" : ce qui justifie de laisser l'objet "à découvert" est donc un certain besoin d'efficacité, dans un futur mal précisé, mais proche. Comme je l'avais déjà vu, pour moi, tout futur est proche, ce qui revient à dire qu'en fait, je n'ai pas de futur structuré. Mathématiquement, ça me conduit à accumuler de façon visible les objets "pouvant servir". Ben oui, de façon visible : si je les cache dans un placard, je vais les oublier ! Ça peut même économiser des tas d'efforts inutiles : si on garde sur la table son verre du déjeuner, il peut resservir au dîner, et on a économisé l'effort de le laver pour rien, et on a soulagé l'environnement du déversement d'une dose de détergent supplémentaire.

Deuxième pensée :
"Il y a un traitement de cet objet en plusieurs étapes (ex : vaisselle), alors je ferai ça après", car (sous-entendu) ça va me demander pas mal de concentration, et j'évite un peu de me fatiguer la tête là tout de suite, c'est déjà assez compliqué ce que je fais.Vu qu'à partir de deux ou trois étapes de traitement, c'est très complexe pour moi, c'est évident : tout ce qui requiert plus de trois étapes de traitement attend son tour. Là, c'est un peu différent du souci d'efficacité précédent, il s'agit d'une simple gestion de file d'attente, comme au guichet : chacun son tour.

Troisième pensée : 
Et évidemment, "Je rangerai ça tout à l'heure", qui est à mon avis une variante simplifiée et abrupte de la précédente pensée.L'intention de ranger est là, sans aucun doute, mais la stratégie de rangement pose problème : elle est fatalement complexe, susceptible de me faire perdre des objets (on ne perd que les objets mal rangés, c'est connu), et difficile à mettre en œuvre, il va falloir restructurer la méthode de rangement et de classification de tout. Eh, pas étonnant que je remette ça à plus tard, c'est trop pour un seul homme ! Cela révèle donc que j'ai conscience que mes efforts doivent être calculés et répartis pour arriver aux buts que je me fixe.

Finalement, je ne suis pas si différent des "normo-rangeurs"... Les idées et les buts sont les mêmes, sauf que je les gère différemment, en fonction de ce que je suis.

En fait, le désordre, c'est très technique...

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